lundi 15 février 2010

La laïcité aussi, c’est raisonnable…

Tandis que la ministre Courchesne se dépêtre d’accusations de favoritisme envers les écoles privées juives et que les demandes d’accommodements déraisonnables se multiplient, le Parti québécois presse le gouvernement Charest d’accoucher d’une charte de la laïcité.  Autant demander à un agoraphobe d’assister à un concert de Madonna.  La nécessaire primauté de l’égalité entre hommes et femmes demeure en tête des revendications de Louise Beaudouin, porte-parole péquiste en matière d’immigration, une requête qui trahit l'inaction de Jean Charest.
Louise Beaudouin
Yolande James, ministre de l’Immigration, qui devrait occuper l’avant-scène dans ce débat d’intérêt, brille par son absence, ce qui confirme son rôle cosmétique au Conseil des ministres, tandis que Christine St-Pierre, supposément titulaire de la Condition féminine, a déjà déclaré que l’opposition faisait des tempêtes dans un verre d’eau.  Rappelons que cette ministre a désavoué son Conseil du statut de la femme pour appuyer la position de la FFQ s’opposant à l’interdiction du hijab dans la fonction publique.  Peut-être devrait-elle se voir confier la Faune, lors d’un remaniement ministériel, et promouvoir le port de la burqua contre les piqûres de maringouins ?

La crise qui guette le gouvernement sur les accommodements déraisonnables prouve la nécessité de personnes-clés à la tête de ministères dont l’importance ne peut être plus longtemps sous-estimée : l’Immigration et la Condition féminine.  De toute évidence, il n’y a pas de pilotes dans ces avions.  Il faudrait de surcroît que le premier ministre Charest cesse de temporiser, selon sa détestable habitude, pour apporter une solution durable à une problématique devenue un irritant social majeur.  Il devra tôt ou tard risquer de déplaire aux communautés culturelles, fidélisées au PLQ, pour apaiser les inquiétudes et la grogne de la majorité quant au respect de son identité.

En plaçant des néophytes à la tête de ministères devenus névralgiques, Jean Charest se voit rattrapé par les limites immédiates d’un Conseil des ministres à 50 % féminin, malgré une députation d’à peine 25% de femmes.  S’il va de soi que seule une femme puisse occuper la Condition féminine, l’expérience et le talent doivent rester les seuls critères d’attribution d’un ministère.  Jean Charest devra également renoncer à son obsession de contrôle sur ses ministres et risquer d’affronter des subalternes plus aguerris qui pourraient ne pas manger dans sa main. 

On cherche en vain cependant qui pourrait mener à bien un éventuel projet de charte de la laïcité au sein du PLQ, au point de tenir tête au chef, si les circonstances l’exigeaient.  Même Nathalie Normandeau, qui a tôt fait de transformer une insulte à son endroit en atteinte à la dignité des femmes, pourrait fort bien baisser pavillon devant celui qui l’a nommée vice première ministre.  Aux yeux de Jean Charest, le coffre et l’expérience ne suffisent pas pour accéder au Conseil des ministres : le devoir d’obéissance reste primordial.  Demandez à Pierre Paradis, back bencher à vie au parti. 

Hormis le PQ, qui exploite désormais une chasse gardée jadis chère à la presque défunte ADQ, la position de Québec solidaire n’a rien pour faire avancer un projet de charte de la laïcité. Rappelons que Françoise David s’est déjà prononcée en faveur des piscines réservées aux femmes musulmanes, invoquant qu’une telle mesure les aidait à briser l’isolement…  On comprend pourquoi deux têtes sont nécessaires pour que ce parti fonctionne.  Ajoutez à ce tableau la préséance de la Charte canadienne des droits et libertés sur toute législation québécoise et vous admettrez que ce n’est pas demain que tout risque de perpétuel Halloween sera écarté…


Également paru dans Le Soleil du 18 février 2010.

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