jeudi 19 août 2010

Lettres à mon fils : des hippos mitrailleurs

Salut, Jérémie.

J’espère que cet envoi te trouvera en super-forme,  J’ai décidé de te divulguer l’un des nombreux secrets de mes activités d’agent de sécurité.  Bien sûr, tout ce que tu liras plus bas est rigoureusement exact, jusque dans ses moindres détails.  Dire le contraire équivaudrait à affirmer que Christiane Pelchat est une féministe néo-médiévale misandre.  Alors, reste bien assis pour la lecture du drame insoutenable intitulé Des hippos mitrailleurs.  J’espère que tu ne feras pas de cauchemars.

Des hippos mitrailleurs 

La nuit tombait au cœur de ce jour de mars.  Je faisais rôtir des guimauves sur le feu de camp de fortune que j’avais allumé devant le poste de garde tandis qu’un détail attira mon attention, sans cesse en éveil.  Une quinzaine d’hippopotames en tutus et armés de fusils mitrailleurs à eau descendaient majestueusement en parachute et se préparaient à atterrir dans le stationnement de l’usine.  Comme ils portaient des masques, je ne su pas tout de suite qu’il s’agissait de ces étranges mammifères.  Heureusement, l'une de mes nombreuses formations antiterroristes comportaient un chapitre de plus de deux heures sur les attaques d’hippopotame. 

Tandis que les premiers d’entre eux se répandaient mollement sur les voitures, je sortis aussitôt ma mini-chaîne à CD avant d’y installer l’arme prescrite dans ce cas de figure : le dernier album de Corneille.  Les hautes fréquences générées par cet artiste peuvent, comme tu le sais, atteindre un degré presque insoutenable pour l’oreille humaine.  Imagine pour de pauvres animaux sans défense.

Sans crier gare – ce qui aurait ajouté au niveau de bruit – les mammifères frappés de terreur se ruèrent vers la sortie de l’usine, bousculant tous les véhicules du stationnement sur leur passage, dans un lugubre vacarme de tôle froissée.  Dieu merci, j’étais parvenu à sauver le feu de camp.  Il serait toujours temps plus tard pour les guimauves.

Un nouveau péril s’annonçait toutefois : les hippopotames se propulsaient vers le fleuve St-Laurent.  Or, il s’agissait d’une race très rare d’hippos, spécialement dressés à l’attaque, mais incapables de nager.  Ils courraient à une mort certaine, en plus de présenter un risque incontournable de pollution aquatique. 

Je ne pouvais quitter le poste de garde et laisser mes guimauves à la merci de quelque raton laveur.  J’usais donc de mes contacts privilégiés auprès de la marine canadienne, qui m’envoya aussitôt un escadron de six porte-avions pour intercepter les malheureuses bestioles.  Hélas, aucun avion ne s’y trouvait pour les cueillir au vol, comme le recommande la procédure b-34, alinéa 27, verset 18, prévue en pareilles circonstances.

Heureusement, les marins disposaient de filets de pêche assez grands pour les capturer.  Tandis que les mammifères avouaient en versant des larmes de crocodile le ténébreux plan de match qu’ils devaient mettre à exécution, ainsi que le nom de la puissance étrangère coupable d’aussi sombres desseins, je fus décoré de la médaille du mérite par la gouverneure générale.

Tu comprendras que je ne puis te révéler l’identité de la puissance étrangère, ni te donner de détails sur la dangerosité de l’opération, pour des raisons évidentes de sécurité nationale.  Sache cependant que tout ce que tu viens de lire est l’exacte vérité.  Si je mens, que Jean Charest devienne impopulaire et l’ADQ moribonde.

À plus, mon Dooper.

Papa Derby 

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