vendredi 3 septembre 2010

À l’école, nos filles sont tellement… « plus » !

Les mythes et stéréotypes ont la vie dure, surtout quand ils recèlent une part de vérité.  De là à conclure que la partie représente le tout, il n’y a qu’un pas, vite franchi.  Voici quelques exemples de ce type d’exagération.


C'est un fait reconnu depuis la nuit des temps : les petites filles et les adolescentes sont plus « matures » que leurs confrères masculins.  On en arriverait presque à croire que les femmes d'âge mûr sont en retard sur elles.  J’exagère ?  Prêtez l’oreille à ce que l’on dit des filles quand on les compare aux garçons, à l’école.  «Elles sont plus responsables, plus fiables, plus obéissantes, plus tranquilles, plus studieuses, plus disciplinées, etc.»  Bref, elles sont tout simplement plus.  Bon, c’est clair ?


En comparaison, les garçons, ces perpétuels loosers, font piètre figure.  Ils contestent maladroitement l'autorité, exigent d'être considérés en égaux tout en doutant grossièrement du jugement de leurs aînés, osent demander pourquoi on exige d'eux tel résultat et non tel autre,  se montrent brouillons et sélectifs dans leurs études qu’ils souhaitent bâcler au plus vite, quand ils ne décrochent pas avant.  Comment être optimiste quant à l’avenir de tels béotiens ?

On constate ce que ces comportements peuvent générer d’inconfort et de tensions dans une société orientée vers l’excellence et la conformité.  Les filles sont tellement plus reposantes.

Comme si ce portrait n’était pas suffisamment chargé, les gars farcissent leur esprit, déjà survolté, de jeux informatiques et d'histoires de science-fiction truffées de situations conflictuelles tandis que leurs consoeurs, judicieusement conservatrices, s'en tiennent encore en grand nombre à de jolies histoires d'amour et aux potins de télé-réalité qui nourrissent leur imaginaire romanesque.

La libido, obstacle à la maturité

Côté sexualité, le portrait ne s'améliore pas chez les garçons.  Ils font là aussi preuve d'immaturité, occupés qu'ils sont à gérer inefficacement le dérèglement hormonal causé par le peak sexuel de leur vie dans un corps en plein développement.  De leur côté, les filles maîtrisent plus aisément une sexualité délicate et ténue qui ne connaîtra – éventuellement - son ultime sommet qu'avec la ménopause, dans un corps vieillissant. 

Rappelons à cet égard cette prétendue « statistique » qui nous revient bon an mal an comme un rappel des limites de la libido féminine : seule ou avec des partenaires sexuels, une femme adulte sur deux resterait étrangère, sinon au plaisir, du moins à l’orgasme.  Une même proportion n’arriverait  pas à localiser son clitoris.  Admettons qu’il y ait du vrai dans un tel tableau, le mérite que les jeunes filles peuvent alors avoir à gérer des pulsions sexuelles si modestes en comparaison de celles des gars reste donc aléatoire.  Comme le disait si bien Voltaire, on est vertueux dans l’impossibilité où l’on se trouve d’avoir des vices…

Les filles font le bonheur des directions d'école.  Elles ne les contestent que rarement, à moins qu'un règlement vestimentaire ne contrevienne à leurs standards esthétiques.  Elles préfèrent observer les consignes, même si les plus téméraires d'entre elles les désapprouvent, que d'encourir la désapprobation de l'autorité. 

Une telle attitude s’explique en partie par le fait que les filles assimilent et intériorisent plus vite que les garçons des valeurs d’acceptation sociale liées à la réussite scolaire et, plus tard, professionnelle.  À leurs yeux, et conformément à ce que l’on attend d’elles, les résultats scolaires contribuent à déterminer la valeur individuelle et le statut social.  Les filles redoublent ainsi d'efforts et supplantent sans problème leurs confrères, assumant ainsi leur soif d'être aimées et appréciées.

Ces cancres indispensables...

Il serait par contre judicieux de se demander où en serait notre évolution sociale, si tout le monde, filles et garçons confondus, répondait à des critères aussi louables que peu exaltants.  Que serait devenu notre société sans les Thomas Edison, Albert Einstein, Honoré de Balzac, Jean Cocteau, André Malraux, Walt Disney, Amadeus Mozart, John Lennon, et autres nombreux cancres et mésadaptés au comportement singulier, pour contribuer à son évolution ?  Gardons-nous donc d’assimiler avantage académique à supériorité intellectuelle.

On ne le dira jamais assez : l’école n’est pas conçue pour les garçons.  Sur mesure pour les filles, qui aiment s’endormir avec la certitude que demain sera semblable à hier, le système scolaire représente pour nos gars un obstacle à surmonter, un perpétuel défi consistant à lutter contre l’ennui, la stagnation résultant d’un cadre d’apprentissage rigide, lourd et répétitif, régi par des profs chez qui les représentants masculins se raréfient d’année en année.

Pas de répit pour eux dans la cour de récréation, où le tiraillage est mis sur le même pied que la violence grave.  À quand des cours de ballet classique, soi disant pour les aider à sublimer leur si condamnable agressivité ?  Ça, c’est sans compter, dès le secondaire, les campagnes dites de « sensibilisation » à la violence et aux agressions sexuelles, où des intervenants aux allures de dame patronnesse leur expliqueront qu’ils sont le méchant sexe dont il faut protéger leurs angéliques et  irréprochables compagnes…

L'université, pourquoi faire ?

 Après ça, on se demande comment il se fait que les garçons fassent de moins en moins d’études supérieures...  On voudrait les dégoûter à jamais des bancs d’école que l’on agirait pas autrement.  Et ça marche !   Ils ne représentent plus maintenant que 40 % de la population universitaire.  Et c’est pas fini !  Ah, les gars et leur manque de motivation…

La faute aux pères !

Il ne se passe pas une année sans que des intervenants politiques, sociaux et du milieu de l’éducation ne déplorent le problème du décrochage des garçons.  On s’afflige, on s’inquiète, on s’interroge, on ne fiche rien.

Mieux, Pauline Marois, à la veille du fiasco qu’est devenue la réforme qu’elle  a elle-même pilotée (et dont l’un des objectifs prioritaires était précisément de lutter contre le décrochage des gars), devait pointer du doigt les « vrais » responsables du fiasco scolaire au masculin : les stéréotypes sexistes, les pères démissionnaires (alors que les hommes ne se sont jamais autant investi auprès de leurs enfants) et, bien sûr, le manque d’intérêt des garçons eux-mêmes, co-responsables de la faillite d’un système.  Difficile de ne pas déceler là un discours typiquement féministe, sans doute chuchoté en coulisse par le Conseil du statut de la femme, ou de la frime ?

En faire... plus !

Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse de manque de lucidité, de stéréotypes tenaces à propos de nos filles « plus » (oui, des stéréotypes mélioratifs sur le sexe féminin, ça existe), de refus, conditionnés par certains lobbys, de soutenir les gars, par crainte de désavantager les filles, ou du je-m’en-foutisme des élus, plus préoccupés par le pouvoir que par l’intérêt collectif, en l’occurrence, de la moitié de notre avenir, on ne voit pas l’ombre d’une piste de solution à l’horizon.  Littéralement, c’est Mozart, encore ce cancre, que nos écoles assassinent.


Tôt ou tard (et il faudrait que ce soit « tôt »), il faudra pourtant se décider à en faire.. plus.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est contrôlé par les femmes et elles s'amusent à faire dégringoler les gars et les hommes. Il n'y a plus rien à faire de ce côté. Sauf pour les gars qui ont un ou des parents dans les magouilles de ces institutions. Mais les filles ont pleinement priorité. Serge

Anonyme a dit…

Bravo ! Je m'évertue à dire depuis plusieurs années que l'école a abandonné les garçons et non pas le contraire. Je suis allé à l'école secondaire dans un collège mené par les frères (pas de blagues douteuses svp) et eux savaient ce que c'est que d'être un jeune garçon. Beaucoup de sport, défoulement aux récrés, etc... nous étions biens, respectés et la tête claire pour travailler une fois le trop plein d'énergie laissé dans la cour d'école et le gymnase. Maintenant ils ne peuvent courir, crier, se bousculer, tous ces moyens nécessaires à dépenser ce trop plein de testostérone. Et on se surprend que les filles aient des meilleures notes, gagnent 90% des prix et s'impliquent plus dans les comités et activités. Quelle farce. De plus, on en remet et on continue encore à nous parler de programmes pour inciter les filles à s'inscrire à tel ou tel programme d'étude ,..., vraiment ! C'est encore là qu'est la priorité ? Non, la priorité est à reconstruire ce que l'on a démoli systématiquement depuis des années. Un environnement scolaire dans lequel les garçons peuvent se retrouver,s'identifier et retrouver un terreau fertile à leur développement, à leur image. On ne fait pas pousser les mêmes plantes au soleil et à l'ombre, dans une terre sèche ou dans une terre humide, dans une vallée ou en altitude. C'est absurde et j'ai de la peine pour tous ces garçons qui ne peuvent réaliser leur plein potentiel et se construire une belle estime de soi dans un tel contexte. Je me prend souvent à souhaiter le retour des écoles uniquement de garçons, quel bonheur ce fut (pas de blague svp).

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

Merci pour ce commentaire plus que pertinent, et non, c'est pas une blague ! ;-)

Anonyme a dit…

Si vous êtes un homme, l’école, l’éducation et les lois n’est pas de votre côté. Le système se fera un plaisir de vous tasser de côté et vous jeter sous l’autobus. Et pour ce même system, tout ça pour le bien sociale et non au bien de vous! A vous messieurs de décider d’y participer (et de payer, payer, payer jusqu’à votre mort) a ce system, ou de vous retirer, de vous désengager de ce même system et profiter de votre seul et unique vie.

Unknown a dit…

Intéressant mais ça manque un peu de contenu, ça ressemble pas mal à une accumulation de clichés anti-féministe. Les propos ne sont probablement pas faux, mais ça manque de preuve disons. Il y a quelque chose dont on ne parle très rarement cela dit, à propos de l'école et qui mérite quand même notre attention. Pour quiconque a eu une fois des cours d'éducation sexuelle, cela n'aura échappé à aucun garçon que ceux-ci sont en général considéré de manière dédaigneuse. La plupart du temps, ce sont des éducatrices femmes qui explique que le plus important dans une relation sexuelle, c'est que l'homme donne du plaisir à sa partenaire. Que la sexualité des garçons est "basique", gouverné par des pulsions, tandis que la femme est plus complexe. Que les garçon n'ont aucune difficulté à "bander" au moindre stimulis visuel, etc. Le pire, c'est que ces conneries, je les ai crues à l'époque. Les cours d'éducation sexuelle devraient être donnés par un duo mixte, les problèmes des garçons devraient être considérés comme importants sans les classer dans une catégories pour laquelle le sexe est facile et presque sans-intérêt. Qu'en pensez-vous ?

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

@ Gluon PA Mon texte manque un peu de contenu ? Peut-être, mais peu de gens se sont penchés sur la question selon mon angle de traitement. Si vous trouvez des liens plus étoffés, n'hésitez pas à nous en faire profiter. Pour ce qui est de ce que vous appelez des « clichés anti-féministes », bof...

Unknown a dit…

@Olivier: disons que ça manque un poil de statistiques, d'études, etc. Je suis assez convaincu de la véracité de vos dires (d'ailleurs j'apporte un élément à ce sujet), mais je vous met plutôt en garde contre le fait que ce genre d'article ne vas pas convaincre une personne qui est convaincue du contraire (une féministe qui vous suivrait par exemple. Elle risque plutôt de penser que vous vous complaisez dans des clichés anti-féministes.

Unknown a dit…

@Olivier: je me suis un peu renseigné, par exemple sur le fameux (et idiot): "les filles sont plus matures que les garçons". Cette assertion est totalement débiles car il n'existe pas une seule définition de ce qu'est la "maturité", dans un domaine aussi complexe que la psychologie humaine. C'est comme demander qui est plus "gentil", qui est le plus "généreux", qui est le plus "égocentrique", il n'existe aucune définition précises de ce mots. Ces éléments ne sont pas quantifiables, ni mesurables. Il en est de même pour la "maturité". Même pour l'intelligence, quelque chose qui semble très défini, il n'existe pas de définition qui soit acceptée par tous les psychologues et chercheurs en sciences cognitives. Je te met maintenant 2 articles sur le sujet:
http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actu-fille-garcon-un-cerveau-different-26116.php

Cet article présente le cerveau des garçons et des filles comme ayant un fonctionnement un peu différent. Les filles acquièrent plus vite des compétences verbales et de contrôle de leur émotions tandis que les garçons sont rapidement plus doués dans le domaine mathématique. Cet article donne ainsi une raison très simple pour laquelle l'école devrait s'adapter aux garçons et non l'inverse: les garçons et les filles ont un développement mental différent et l'école doit tenir compte de cette différence, au lieu de considérer les garçons comme étant indisciplinés et turbulents. Cela dit, le contrôle des émotions, domaine dans lequel les filles sont plus précoces que les garçons ne représente qu'une petite partie de ce que l'on entends par "maturité". En passant, quand on dit que les filles sont moins fortes en maths, par exemples, on s'entends dire que c'est du sexisme et qu'il y a des filles qui... Par contre, dire que les "filles sont plus matures que les garçons" ne pose de problèmes à personne. On a ensuite cet article:

http://www.virginradio.fr/virgin-tonic-c-est-prouve-les-femmes-sont-plus-matures-que-les-hommes-au-meme-age-a534534.html

Ecrit par une femme (ça se sent dans le ton), elle parle d'une étude à priori sérieuse qui explique que les connexions se forment plus vite chez la fille que chez le garçon. Cependant, cela n'explique pas pourquoi malgré cette précocité, les garçons sont meilleurs que les filles en maths par exemple... De toute façon, encore une fois, si le cerveau des 2 sexes évoluent différemment, avec des capacités qui se développent de manière asymétriques, cela montre que l'école doit s'adapter à cette réalité, au lieu de forcer la nature à tout prix, sous prétexte que l'un des développement est conforme à ce que l'on veut et l'autre non.
Quand à la fameuse phrase sur la prétendue maturité plus précoce des filles, que ceux qui la soutienne nous explique clairement ce qu'ils entendent par-là, et qu'ils ne s'étonnent pas si on leur oppose une centaine de contre-arguments. Car si on mesure la maturité à l'acquisition des compétences spatiales et mathématiques, dans ce cas, on va devoir dire que les garçons sont plus matures que les filles. Mais là encore, est-ce que ça a vraiment du sens ???

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